ORIENTATION VERS DES SERVICES DE SEVRAGE TABAGIQUE
En France, de multiples structures existent pour aider les patients au sevrage tabagique. Plusieurs méthodes de thérapies cognitivo-comportementales (TCC) peuvent être utilisées.Les TCC sont utilisées en complément des substituts nicotiniques et elles sont spécifiques au sevrage tabagique. Il peut s’agit de thérapies individuelles ou de groupe mais ces deux formules ont montré des effets bénéfiques sur le succès du sevrage tabagique. En considérant qu’un fumeur peut réaliser jusqu’à 30 tentatives avant de réussir à arrêter, il est important de répéter ce conseil minimal et d’adresser le patient à un service spécialisé lorsque cela est opportun.
Le dispositif « Tabac Info Service » existe depuis 1998. Il s’est progressivement développé et structuré pour exploiter les possibilités offertes par l’évolution des technologies et les retours d’expériences successifs. Les données de la littérature scientifique et les résultats d’évaluations sont utilisées pour faire évoluer ce dispositif.
Depuis 2015, « Tabac Info Service » s’articule selon 3 axes : une ligne téléphonique (3989), un site web (www.tabac-info-service.fr) et une application dédiée (téléchargeable depuis le site www.tabac-info-service.fr) . L’objectif général est d’offrir aux fumeurs souhaitant se sevrer un accompagnement personnalisé et de répondre à toutes les questions sur le tabac (risques, bénéfices à l’arrêt, méthodes de sevrage). Des tabacologues accompagnent les fumeurs pendant l’arrêt et répondent à leurs questions.
L’efficacité de « Tabac Info Service » a été démontrée grâce à deux enquêtes qui ont montré que
22 % des bénéficiaires d’au moins un entretien téléphonique avec un tabacologue de Tabac Info Service sont non-fumeurs six mois après leur premier entretien.
27 % des bénéficiaires de l’e-coaching déclarent être non-fumeurs 3 mois après leur inscription.
73 % des utilisateurs du service estiment que le soutien téléphonique prodigué par Tabac Info Service les a aidés dans leur démarche d’arrêt du tabac (93% pour ceux qui se déclarent devenus non-fumeurs et 69% pour ceux qui se déclarent fumeurs.).
Professionnels de Santé Référents pour le sevrage tabagique
Médecins Généralistes
Les médecins généralistes ont un rôle important dans l’arrêt du tabagisme, car 70% des fumeurs voient leur médecin traitant au moins une fois par an. Il est prouvé que les médecins motivés peuvent faciliter le sevrage tabagique. Si tous les médecins proposaient systématiquement des conseils d’arrêt standardisés, ceci pourrait augmenter les taux d’arrêt de façon importante.
De plus, on sait que les méthodes de sevrage tabagique bien menées peuvent améliorer la relation médecin-patient.
Les généralistes peuvent également prescrire des aides au sevrage tabagique, ce qui peut doubler les taux de succès de sevrage tabagique. Le rendez-vous d’un patient fumeur chez un médecin généraliste où l’arrêt de fumer n’a pas été discuté pourrait être considéré comme une occasion ratée.
Pharmaciens
La grande majorité de la population vit à proximité d’une pharmacie. Tous les jours, plusieurs centaines de milliers personnes visitent une pharmacie. Le pharmacien est donc dans une position privilégiée puisqu’il a des interactions régulières avec un grand nombre d’individus soit en bonne santé, soit malades.
Les pharmaciens sont formés à l’utilisation de substituts nicotiniques et au soutien psychologique pour le sevrage tabagique, mais il peut exister certaines limites pour délivrer ces informations, comme le manque de temps. Il est toutefois recommandé que les pharmaciens conseillent aux fumeurs d’entrer dans une démarche de prise en charge structurée pour le sevrage tabagique.
Chirurgiens Dentistes
60% de la population Française rend visite régulièrement à un dentiste. Les dentistes sont très bien placés pour constater l’impact du tabac sur la cavité buccale et l’expliquer à leurs patients. Ainsi, un des premiers signes de l’usage du tabac est l’apparition de tâches brunâtres sur les dents des fumeurs ainsi que d’une halitose. Par la suite, le tabac peut aggraver les parodontites et des caries.
Par ailleurs, le tabac est impliqué directement dans l’apparition des cancers des lèvres, de la cavité buccale et du pharynx, qui constituent 3,2% des cancers diagnostiqués annuellement en France (11316 Nouveaux cas par an en 2012) (Source Institut National du Cancer).
Ainsi, les équipes de soins dentaires sont très bien placées pour informer les patients des conséquences néfastes du tabagisme sur la santé. Le conseil minimal de sevrage tabagique délivré par un chirurgien dentiste permet d’augmenter de 2% le taux d’arrêt du tabac.
Optométristes
Le tabagisme est le facteur de risque contrôlable le plus important dans le développement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Il est également impliqué dans le développement de la cataracte.
On sait que les optométristes utilisent peu le conseil minimal pour inciter les fumeurs à arrêter leur consommation de tabac, même si, en tant que professionnels de santé, ils pourraient être intéressés à participer à la mise en place du sevrage tabagique.
Ainsi, les optométristes pourraient offrir une opportunité supplémentaire pour donner des conseils succincts aux patients fumeurs, et éventuellement les adresser à un service impliqué dans le sevrage tabagique.
Services de maternité
Le tabagisme a de nombreux effets sur une mère et son bébé. Il réduit la quantité d’oxygène disponible pour la mère et le bébé, il augmente le rythme cardiaque de l’enfant parallèlement à l’augmentation du risque de naissances prématurées, de faible poids de naissance, de fausses couches et de mort-nés.
Le tabagisme de l’entourage entraine également un risque de mort subite du nourrisson et augmente le risque de développement de problèmes respiratoires chez le bébé. 12% des femmes enceintes fument tout au long de leur grossesse et ces nourrissons sont plus susceptibles de devenir eux-mêmes des fumeurs.
Il est recommandé que tous les professionnels de santé informent la mère et son entourage du bénéfice à l’arrêt du tabac pour la mère et l’enfant à naître et proposent leur aide pour mener à bien ce sevrage tabagique. Tous les substituts nicotiniques peuvent être utilisés chez la femme enceinte, en privilégiant toutefois les formes orales. Si nécessaire, il faut adresser les patientes vers un service spécialisé dans le sevrage tabagique.
Prévention secondaire
Les fumeurs ont un risque significativement plus élevé de complications chirurgicales post-opératoires par rapport aux non fumeurs : il s’agit principalement de complications cardio-pulmonaires et de retard de cicatrisation des plaies. Une période d’arrêt préopératoire de 6 à 8 semaines a montré une réduction importante de ces risques de complications. Chez les patients atteints de cancer des voies aéro-digestives supérieures, il a été montré qu’une période de sevrage tabagique d’au moins trois semaines était bénéfique sur le risque de complications post-chirurgicales. Ainsi, une évaluation préopératoire du statut tabagique est une très bonne occasion pour recommander l’arrêt et informer des risques postopératoires potentiels pour les fumeurs.
L’hospitalisation peut être utile pour favoriser l’arrêt du tabagisme. En effet, cette période d’abstinence temporaire « imposée » par l’environnement permet de sensibiliser les individus aux conséquences sur la santé du tabagisme.
Lorsque le patient se décide à arrêter pendant l’hospitalisation, il faut mettre en place un suivi continu pendant le mois suivant la sortie de l’hôpital afin de renforcer le sevrage tabagique.